[VIDÉO] TÊTE-À-TÊTE #6 | Matthias Papet, Fondateur et Président de CoinAfrique a créé une application de petites annonces en Afrique francophone. Il nous raconte l’essor d’internet en Afrique, nous explique l’ambition de CoinAfrique et le fort enjeu de développement local de son application.
L’entretien ci-dessous !
Bonjour, Matthias Papet, 44 ans, fondateur de CoinAfrique.
CoinAfrique c’est quoi ?
CoinAfrique c’est donc un service mobile de petites annonces en Afrique francophone. On a démarré en 2015 par un modèle app donc on a commencé par une application Android. Aujourd’hui c’est un demi-million d’utilisateurs mensuels actifs sur une dizaine de pays d’Afrique francophone. Nos trois gros pays aujourd’hui c’est Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, et on est en train de démarrer le Cameroun. Notre métier aujourd’hui c’est de mettre en relation des acheteurs et des vendeurs dans une marketplace de petites annonces.
L’ambition de CoinAfrique ?
Nous notre ambition, c’est d’atteindre les dix millions de users à horizon 4-5 ans, donc à être la première audience mobile des pays d’Afrique francophone.
Avec un enjeu local important ?
Notre ambition, au-delà des chiffres, c’est de pouvoir organiser l’économie informelle de ces zones. Il y a à peu près 60% du business qui est informel donc notre enjeu c’est, via une plateforme mobile, de pouvoir mettre le pied à l’étrier, des petits commerçants ou des petits businessmen pour les aider à structurer leur business, générer du revenu et les aider à se structurer. Et au-delà de la structuration, c’est les aider à payer des taxes, déclarer des salaires et donner des moyens aux Etats africains de pouvoir s’acheter des infrastructures, payer une protection sociale et donc d’apporter notre petite pierre à l’édifice du développement de ces pays.
Le pays le plus prometteur ?
La Côte d’Ivoire. Clairement, la Côte d’Ivoire c’est la locomotive de l’Afrique francophone. C’est à peu près 30% du PIB de la sous-région. C’est un pays qui a des niveaux de développement, d’infrastructure, assez supérieurs au reste. Nous on est vraiment un service urbain, puisqu’aujourd’hui les réseaux 3G, 4G sont peu développés dans les villages ou à l’extérieur des grandes villes. On est en train de vivre en Afrique ce qu’on a dû vivre en Europe après la première guerre mondiale, donc des démarrages d’exode rural. En fait ce sont vraiment les villes qui sont en train de grossir.
L’essor d’internet en Afrique ?
En Afrique francophone on est passé d’un stade où il n’y avait quasiment pas d’accès internet puisque l’accès filaire n’était pas du tout développé donc pas d’ADSL ou vraiment très peu ou réservé à une frange un peu élitiste de la population aux entreprises. D’un modèle où en fait aujourd’hui, dans toutes les capitales africaines francophones, on est sur de la 4G de qualité de plutôt bonne qualité. Donc en fait on passe de pas grand-chose à une expérience smartphone 4G. 99% des smartphones en Afrique sont des Android, et le vrai enjeu c’est le coût de la data. Aujourd’hui on est encore sur des modèles pre-paid : vous chargez votre téléphone tous les jours ou toutes les semaines votre téléphone avec de la data payante pour pouvoir accéder à vos services de base donc on n’est pas du tout sur des forfaits illimités qui boostent la consommation.
Qui domine internet en Afrique ?
Il y a deux gros acteurs qui ont pris une partie du business et de l’audience aujourd’hui. Et surtout un, c’est le groupe Facebook qui avec Facebook et WhatsApp a pris une énorme partie de l’audience et donc concurrence les opérateurs. Aujourd’hui 80% de la data qui est achetée par les utilisateurs africains est utilisée chez Facebook ou chez WhatsApp.
Un coup de cœur pour une start-up ?
C’est une société qui s’appelle ‘Solaris Offgrid’ qui en fait essaye de structurer l’accès à l’énergie offgrid. C’est-à-dire l’énergie qui n’est pas sur un gros réseau comme on connait. C’est la capacité de créer des micro-unités de production d’énergie. Et là, dans ce cadre-là, ‘Solaris’ c’est des micro…c’est une sorte de box qui est liée avec un panneau solaire et qui permet d’installer l’électricité dans des endroits complètement inatteignables. Cela permet en fait à une famille, une famille de 5 – 6 personnes au village, de pouvoir accéder à la recharge de son téléphone, un ventilateur et de la télé ou un device électronique.
Une personnalité inspirante ?
Il y a quelqu’un que je suis depuis longtemps, qui est un chef d’entreprise américain, qui doit avoir aujourd’hui 70 ou 75 ans, il s’appelle Yvon Chouinard. C’est le fondateur de Patagonia. En fait j’ai suivi et je me suis intéressé au parcours de ce monsieur qui est un canadien francophone qui a fait toute sa carrière aux Etats-Unis et qui est un grimpeur. Dans son parcours d’entrepreneur, il a créé Patagonia dans une logique de : ‘je créé des produits pour pouvoir dès la base être recyclé’. C’est un précurseur, il a 75 ans le monsieur. En plus il a l’air sympa le mec. Mais je ne l’ai toujours pas croisé.