Entretien avec Christophe Brossard, Président de MEC France (GroupM/WPP)

Comment as-tu découvert le monde des médias ?

Grâce à une fiche d’orientation professionnelle. Le nom ‘media-planner’ a attiré mon attention et m’a donné envie de faire ce métier. J’ai commencé comme acheteur/optimisateur TV et puis j’ai eu l’opportunité de compléter mes compétences et de progresser.

Progresser ?

Oui, j’ai eu la chance de pouvoir faire un long parcours chez Omnicom Media Group. Quand j’ai débuté au sein du département media de DDB, OMD n’existait pas encore. Nous étions seulement une trentaine de personnes et OMD a pris son envol suite au rapprochement des activités media de DDB et de BBDO d’abord en France puis en Europe. Avec le développement de l’entreprise, l’équipe a grandi, les métiers se sont diversifiés et l’organisation a évolué. Pour moi, ces changements constituaient autant d’opportunités de développement professionnel et je changeais de poste tous les dix-huit mois. Progressivement, je suis passé du rôle d’acheteur media à celui de Directeur Général du groupe. C’est la croissance qui crée les opportunités.

Dans ce parcours, quelle a été ta plus belle réussite ?

Avoir contribué à la création ex-nihilo de ce qui est devenu une agence de taille mondiale, au sein d’une équipe soudée, sous le leadership de Viviane Prat. Avoir réussi à travailler avec des personnalités fortes et attachantes comme Florence Tardit, Magali Florens et Roland de Tugny qui sont aujourd’hui chez GroupM. Je suis convaincu que nous avons le même potentiel chez GroupM en France aujourd’hui, grâce à la diversité des talents. J’espère y connaître la même réussite.

Quel enseignement en as-tu tiré ?

La force du collectif, voilà ce qui est important pour réussir. Et aussi le leadership des managers.

En termes de management, comment travailles-tu  avec tes équipes ?

Le plus horizontalement possible, même si ce n’est pas toujours simple. Nous devons passer d’un mode de management hiérarchique à un mode de management par projet en privilégiant les compétences. C’est ce que je m’efforce de mettre en pratique au quotidien.

Un exemple ? Pourquoi est-ce difficile de travailler horizontalement ?

Parce que l’habitude de la hiérarchie à la peau dure. Même avec une équipe de management déterminée à privilégier, il peut être difficile d’embarquer toute une équipe. C’est logique et humain mais nous y arriverons. Toutes les entreprises qui réfléchissent à de nouveaux modes de travail arrivent vite à la conclusion que ça prend du temps, que ça s’accompagne.

Quelles personnes t’ont particulièrement inspiré ?

Sans citer quelqu’un en particulier, j’ai eu la chance dans mon parcours de toujours croiser des gens qui avaient à cœur de faire grandir les autres. Et c’est ce que je m’efforce de faire également, donner l’envie aux talents de développer et d’exprimer leur potentiel. Si on veut vraiment parler d’inspiration, je préférerais citer un sportif à qui je pense particulièrement parce qu’il est décédé très récemment. Il s’agit de Jonah Lomu, un très grand joueur de rugby néozélandais. Un jour, je l’ai vu faire un raffut à Rory Underwoord, un ailier Anglais, un vrai moment de bonheur ! C’était un ailier extrêmement puissant, mais aussi un personnage attachant qui a affronté sa maladie avec courage et dignité.
Enfin, pour revenir à notre réseau, il faut dire qu’on a la chance, chez MEC comme dans le groupe, de travailler avec des personnalités vraiment passionnantes.

Si toi tu devais inspirer les jeunes dans leur métier, quel serait ton conseil ?

Ah ! C’est simple il y a trois règles d’or : la curiosité, la curiosité et la curiosité ! Ca doit faire 25 ans que je répète ça mais cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui : il faut s’ouvrir ! Ne pas hésiter à apprendre, à tester ce que vous n’avez pas encore testé et à écouter, humblement mais efficacement, les conseils qui vous sont donnés. Si on n’est pas curieux, on n’est pas heureux dans les médias. Parce qu’il y a beaucoup d’informations, beaucoup de nouveautés à assimiler en permanence et que ce n’est pas encore un marché complètement mature. Avec le contenu et la data on est même un peu au début d’une nouvelle ère : on a tout à construire ! Voilà, mon conseil ce serait d’être curieux. On pourrait en citer d’autres, plus classiques : être rigoureux, pugnace, savoir respecter les gens avec qui l’on travaille, beaucoup lire… Ah oui tiens ! Il faut lire ! Quel que soit le support de lecture. Il faut lire pour mieux comprendre comment fonctionne l’économie, mieux comprendre les modèles qui émergent ou le succès des modèles qui ont toujours existé. Tout ça nourrit une certaine forme d’intelligence et alimente la curiosité, et c’est ce qui fait qu’à la fin, vous serez bien meilleur dans ce que vous faites.

Pour conclure, que penses-tu de l’arrivée de Keyade chez GroupM ? Comment comptez-vous travailler avec nos équipes ?

C’est à la fois une très belle opportunité pour GroupM et une jolie rencontre. Bienvenue aux équipes Keyade ! Keyade et GroupM ont beaucoup de choses à s’apporter mutuellement et je pense que c’était le bon tempo, ça m’a l’air parti sur de bonnes bases. Pour le moment Keyade et MEC apprennent encore à travailler ensemble, notamment sur le compte LesFurets.com. Nous commençons aussi un début de collaboration sur le compte Blizzard et bien sûr il y en aura rapidement d’autres opportunités.

 Si Christophe Brossard avait dû inventer quelque chose…
« S’il n’y avait pas eu Facebook, ce serait le Facebook du rugby, qui réunirait les joueurs et les passionnés. »